Quand la mémoire va chercher les souvenirs, ils sont forcément soumis à interprétation. Dans Tout faux, "autobiographie" revisitée à travers différents épisodes non-linéaires, le lecteur suit la vie de Véronica dans une famille italienne pour le moins... hors normes !
Elle grandit avec son frère dans un appartement où portes et cloisons vont et viennent, entre une mère surprotectrice et un père hypocondriaque et hygiéniste. Dans cette ambiance morose faite d'ennui et de répétition, la jeune Véronica imagine d'autres vies pour elle et les personnes qu'elle côtoie, notamment celles qu'elle arrive à entrevoir par les fenêtres de taille (volontairement) réduite du logis familial. L'imagination prend le pouvoir et s'invite dans sa vie réelle pour fuir le quotidien.
Puis arrive l'adolescence et l'âge adulte avec leurs complications : la puberté, les amis, le sexe, la relation à la mère et au père... Face à une famille trop envahissante, il devient nécessaire de s’affranchir et de reprendre sa vie en main. On voit la jeune femme se lâcher, s’émanciper, être confronté au deuil et à la perte de l’amitié, faire ses propres choix.
Quelle part de vérité de la part de l'autrice ? Le mensonge et la relecture des souvenirs sont-ils une façon de taire une vérité douloureuse ? La mémoire est détournée pour créer des souvenirs différents, pleins de dérisions et de fantaisies. Autant dans les descriptions que dans les dialogues c'est à la fois âpre, ironique, grinçant, désopilant mais aussi gai, sans animosité. Tant mieux pour nous lecteurs car c'est drôle, tellement drôle !