Glasgow, années 80. La famille Bain vivotte dans un logement social de Glasgow, dans une configuration classique de la classe pop' britannique : (beau-)père volage et tabasseur, mère alcoolique, ados turbulents qui cherchent à se barrer le plus vite possible... et le petit dernier, Shuggie, petit garçon à sa maman, délicat, qui aime les robes, le rouge à lèvres et les poupées. Petit Shuggie qui va grandir dans la violence, les moqueries des autres, et l'isolement. Le seul qui restera auprès de sa mère et s'occupera d'elle jusqu'au bout, quoi qu'il lui en coûte.
Noire et lumineuse comme dans un film de Ken Loach, l'histoire de Shuggie Bain est en partie un prétexte pour dépeindre la classe ouvrière écossaise déclassée, écrasée par le chômage, la pauvreté et l'alcoolisme, en plein pendant les années Thatcher. S'inspirant grandement de sa propre vie, l'auteur Douglas Stuart raconte ce que c'est que de grandir différent dans un milieu où la moindre différence attire tous les regards et toutes les violences. Mais c'est aussi, et surtout, un roman d'apprentissage, de résilience, et d'amour fou.
Un très beau premier roman, récipiendaire méritant du Booker Prize 2020.