La petite Aline mène une vie tout ce qu’il y a de plus normal dans une banlieue pavillonnaire quelconque, avec ses deux parents vieillissants. Jusqu’à ce jour d’ennui caniculaire où, quelques instants, elle se met à flotter dans les airs. Effrayée, elle décide de garder le secret. Le phénomène se répétant inopinément au fil des ans, Aline ne s’attache à personne, et n’a de relation que celle avec ses parents. Lorsque ceux-ci disparaissent, elle se retrouve seul avec soi-même dans cette maison vide, avec des puzzles et un boulot insipide, dans un monde qui devient de plus en plus inquiétant et sécuritaire. Puis un matin, elle rencontre Cloda…
Karin Serres signe ici un texte empreint d’une poésie et d’une beauté dont elle a le secret. Court roman contemplatif qui nous transporte dans ce monde étrangement proche où l’extraordinaire côtoie aisément la banalité, à l’instar des rêves qui nous font accepter l’absurde déformation du subconscient. En trame de fond, subtilement, l’autrice dénonce la dérive sécuritaire de nos sociétés qui rejette toute velléité de différence ou de fantaisie, sans pouvoir, malgré toute sa force de frappe, la faire disparaître totalement.
Magistral.