Lorsqu’on parle d’apocalypse, on pense à une série d'événements catastrophiques annonciateurs de la fin du monde. Après elle, le néant. Or, la définition première de l’apocalypse est en fait une révélation. Mais une révélation de quoi ?
Dans son essai édifiant, le sociologue Gérald Bronner tente de déchiffrer ce que révèle de l’humanité l’apocalypse cognitive apportée par un temps de cerveau disponible encore jamais vue dans l’histoire. L’allongement de la durée de vie et les avancées techniques qui ont permis d’alléger les tâches de travail et domestiques, ont ouvert une disponibilité incroyable à notre cerveau pour l’exploration créative, inventive, scientifique et artistique. Du moins, c’est l’idéal rêvé par nos penseurs les plus optimistes. Mais c’est sans compter la nature profonde des humains, complexe et pas toujours reluisante, qui les attire encore et toujours vers des « sucreries » mentales dont une trop grande consommation peut mener à la maladie, l’obésité et la végétation psychique.
Entre société du divertissement, écrans, réseaux sociaux et appétit morbide pour les catastrophes et les fake news, l’auteur passe en revue tout ce qui aujourd’hui cannibalise notre « trésor le plus précieux », tout en critiquant la dualité simpliste des visions rousseauiste et nietzschéenne de l’humanité et en offrant des pistes réalistes pour ne pas sombrer dans le défaitisme. Un livre étonnamment rafraîchissant, qui nous pousse dans nos retranchements et rétablit un peu de rationalité dans une époque dominée par les émotions et le sensationnel.