Nili est née en Roumanie juste après la chute du mur. Nili est élevée par une mère académicienne, froide et violente. Nili n’a pas de père – ou plutôt si, mais il est absent, il est noir, et sa mère ne veut pas en entendre parler. Nili est née et a grandi métisse dans un pays où, malheureusement, ça veut dire quelque-chose ; où sa peau et l’origine étrangère de son géniteur lui offrent un destin tout tracé de pute ou de macchabée. Ou les deux. Alors pour qu’elle devienne autre chose qu’un corps, autre chose qu’une femme, sa mère la gave de connaissances, brutalise son esprit et sa chair à coups de livres, à coups de poings, à coups d’absence totale de tendresse ou de plaisir.
Mais Nili veut savoir qui est son père, pourquoi il les a abandonnées, d’où elle vient, qui elle est et qui elle pourrait devenir. Délaissant sa thèse et son avenir brillant, elle se lance sur les traces de celui qui l’a si inconsciemment conçue. De Bucarest à Paris, des grandes villes d’Europe aux plaines du Congo, la jeune femme va apprendre à se connaître, découvrir la vie, l’amour, la mort et le combat.
La mer noire dans les grands lacs est un premier roman magnifique, entre récit et poésie, où les passages contemplatifs alternent avec les scènes d’action les plus haletantes, où les mots doux susurrés à l’enfant à naître succèdent aux déclarations cyniques ou cinglantes d’un cerveau trop vite grandi dans un corps non préparé à la vie. Les yeux et les oreilles se régalent, tandis que l’âme se soulève en même temps que les poings face à l’injustice et avec l’espoir. A lire, relire, seul ou à plusieurs, avec de la musique pourquoi pas et encore mieux à voix haute !