Dans la ville d'Athènes de 1936, alors que la Grèce est sous le joug de la dictature militaire de Metaxas, Stravros tente avec ses amis musiciens de fuir un quotidien morose. Il est joueur de Rébétiko et joue du bouzouki dans des cafés clandestins à l'abri des yeux et des oreilles du pouvoir. Une musique associée à une danse enivrante qui prennent tout leur sens quand la bande fume le narguilé ou du haschich. En se répandant à Athènes dans les années 20, les chansons sociales et protestataires de Rébétiko, aux accents orientaux, furent assimilées à la pauvreté et à la délinquance. Craignant l’amollissement moral et l’imputant à la part orientale de son peuple, la Grèce dictatoriale a en effet déclaré la guerre à cette musique et aux communautés originaires de Turquie.
Le temps d'une journée, notre quatuor désabusé fume, danse, se saoule, se bagarre, fuit et profite de la vie dans un monde où tout est bon pour s'évader. L'auteur David Prudhomme restitue avec brio l’ambiance des bas-fonds de l'Athènes de cette époque ainsi que le sentiment d'ivresse de ses personnages. Au-delà du sujet folklorique, il remue des questions essentielles autour du lien entre disciplines artistiques, création et prise de drogues, mais aussi des dimensions politique et contestataire de l'art et la jeunesse.
Un sujet riche et brillamment traité qui aurait pu être tiré d'une histoire vraie (si le contexte est réel, les personnages, eux, restent fictifs). Cette lecture passionnante nous fait découvrir un pan méconnu de l'histoire de la Grèce contemporaine.