Chochana est une jeune juive du Nigéria au tempérament joyeux et à l’âme de meneuse.
Semhar est une catholique de l’Erythrée tout juste sortie de l’adolescence, petite et discrète, polyglotte et entraînée au maniement des armes.
Dima est une musulmane de Syrie, une bourgeoise snob et raciste qui n’a d’yeux et d’amour que pour son mari, ses enfants et son pays.
Trois femmes aux antipodes que la sécheresse, la dictature ou la guerre vont réunir dans une arche de Noé direction la nouvelle terre promise d’Europe. Mais avant, elles vont devoir tout perdre au travers d’épreuves difficilement concevables, que seules leur féroce soif de vivre et leur volonté sans faille vont permettre de les surmonter.
Après Avant que les ombres s’effacent (2017), sur l'immigration de centaines de Juifs en Haïti à l'aube de la seconde guerre mondiale, Louis-Philippe Dalembert signe un roman d’exil contemporain d’une actualité douloureuse. L’auteur fait preuve d’une incroyable finesse dans le récit de ces trois parcours de femmes, si différentes mais en même temps semblables dans leur situation de femme au sein de sociétés qui rejettent si violemment la féminité. Tout ce qu’elles subissent n’est à peine plus que suggéré, considéré par les héroïnes elles-mêmes comme presque normal, tant elles sont conditionnées à la violence mais, aussi, tant elles sont focalisées sur leur objectif ultime, vision de bonheur et de salut. Mais tout n’est pas noir : Mur Méditerranée est truffé d’humour et d’amour, de fraternité et de solidarité, de foi inébranlable et de chants magnifiques qui rappellent au lecteur que la vie l’emporte sur la mort.
Un livre poignant d’humanité.