Alors que Hayao Miyazaki triomphe une nouvelle fois au cinéma avec « Le Garçon et le Héron », les éditions Sarbacane régalent les lecteurs français avec la traduction du « Voyage de Shuna », bande dessinée japonaise réalisée il y a 40 ans alors que Miyazaki débutait sa carrière de cinéaste, co-fondant en 1985 avec Isao Takahata le célèbre studio Ghibli.
Le jeune prince Shuna, dont le peuple est sujet à la famine en raison de récoltes moribondes, doit entreprendre un périlleux voyage. Il part vers des terres mythiques et lointaines afin de ramener une céréale divine qui serait à même de ramener l’abondance aux sols morts. Dans la lignée de « Nausicaa : la vallée du Vent » d’abord publié en manga avant d’être porté en film d’animation, on retrouve dans ce « Voyage de Shuna » le trait de dessin reconnaissable et incroyable de Miyazaki, agrémenté de très belles couleurs pastels, prouvant une fois de plus que le cinéaste aurait pu être un grand mangaka s’il avait fait carrière dans la BD.
Dans ce manga, on reconnaitra aussi bien du « Princesse Mononoké » et du « Voyage de Chihiro » que du « Château dans le ciel ». Le lecteur retrouvera dans les thématiques et les influences tout ce qui composera le cinéma du studio Ghibli dans ses productions à venir : le mélange de fantasy et de science-fiction, le récit initiatique, des personnages féminins forts, des monstres et des machines étranges, une narration onirique, de la poésie parfois teintée de mélancolie ou encore une forte dimension écologique, le rapport de l’être humain avec la Nature occupant une place primordiale dans l’œuvre de Miyazaki.
« Le Voyage de Shuna » est la relecture d’un conte tibétain, ainsi le récit (sans bulle) se lit lui-même à la manière d’un conte. L’œuvre garde sa part de mystères et comme souvent avec Miyazaki, le récit est ouvert à plusieurs interprétations. Afin d’apprécier pleinement ce petit chef d’œuvre, la lecture de l’excellente postface est indispensable !