Ce classique de la littérature germanique met en scène un marin américain qui perd ses papiers d'identité dans une Europe dont les frontières sont en train de se fermer, le laissant apatride et totalement seul. Jusqu'à ce qu'il croise la route d'un bateau rempli d'hommes comme lui, des morts, des fantômes, devenus invisibles aux yeux d'une société qui n'accepte plus ceux dont la vie n'est pas tracée ni enregistrée.
En ce début de 20e siècle, l'écrivain B. Traven (dont personne n'est sûr de l'identité), auteur de Le trésor de la Sierra Madre (adapté au cinéma en 1948 par John Huston, avec Humphrey Bogart dans le rôle principal), avait déjà réussi à capter le vent mauvais d'une Europe des frontières, où chaque individu se doit d'être enregistré, étiqueté, estampillé, tracé... administration à l'extérieure de laquelle personne n'a le droit d'être ni de citer, au risque de disparaitre et de mourir dans l'indifférence la plus totale. Loin d'avoir changer, cette situation n'a fait que s'approfondir pour en arriver un siècle plus tard, à une époque où l'on considère comme normal que des personnes sans papiers, hommes femmes et enfants, meurent par milliers dans la Manche, le désert ou la Méditerranée, ne soient que des silhouettes que l'on croise sur un sac de couchage dans les rues des grandes villes et travaillent clandestinement, invisiblement, au tâches les plus dures sans la moindre reconnaissance, dans nos beaux pays riches. C'est pourquoi ce roman résonne si fort encore aujourd'hui, servi par un récit plein de rebondissements digne des plus grands romans d'aventure.
Un livre et un auteur à (re)découvrir absolument !