Umberto Eco, avec son trait érudit, demeure un auteur incontournable de la littérature italienne contemporaine. Sa notoriété explosa notamment grâce à l'adaptation cinématographique de son roman phare, le polar historique "Le Nom de la Rose" réalisé par Jean-Jacques Annaud en 1986. Adapter un tel monument littéraire n'est pas chose facile et il fallait (au moins) un grand maître de la BD italienne pour cela ! Milo Manara, après un sublime dytique sur la vie romanesque du peintre Caravage, a eu carte blanche par les héritiers d'Eco pour donner sa vision de l’œuvre de leur père, adaptation également prévue en diptyque.
Dès l'introduction, un hommage est rendu à Umberto Eco, ce dernier s'adressant lui-même au lecteur, brisant le quatrième mur et posant les bases historiques de son récit. On retrouve ensuite l'histoire emblématique de ce huis-clos médiéval : dans un monastère isolé, l'ex-inquisiteur Guillaume de Baskerville accompagné du jeune Adso de Melk doivent enquêter sur la mort suspecte de l'un des moines. L'accès à la bibliothèque étant interdit, on se doute que les mots et les livres prendront une place toute particulière dans l'intrigue, entre ces murs faits de secrets et de machinations.
Avec sa formation en art classique, Manara dessine avec un style réaliste en noir et blanc au lavis. L'ensemble est ensuite mis en couleurs par Simona, la fille de Manara. Le tout est du plus bel effet pour les yeux du lecteur ! Références et hommages aux livres, à l'art et à la calligraphie, le bédéiste recréer au fil des pages des enluminures d'époque réalisées à la manière des moines copistes du Moyen Age, ce qui colle parfaitement à l'intrigue. Un véritable bijou pour découvrir l'univers d'Umberto Eco !