Dans un village côtier de Bornéo, vivent ensemble un panel bigarré de personnages hauts en couleur : commerçants chinois, colons britanniques, prostituées japonaises, pouce-pouce malais et guerriers Dayaks. Sans oublié les ribambelles d’enfants masqués, gredins jusqu’au bout des ongles, qui ne suivent d’autre loi que celle de la jungle et de leurs jeux. Ce qui rassemble tout ce beau monde ? Un coin de jungle isolé où personne ne se soucie des ombres du passé, ainsi qu’un penchant irrépressible pour l’opium. Mais il y a aussi cet ennemi commun : les sangliers, premiers habitants qui viennent régulièrement faire des raids meurtriers pour chasser de leur territoire ces humains encombrants. Sous la houlette du chasseur en chef Tzo-Dady et de sa bande, un carnage en règle leur assure quelques années d’une relative tranquillité. Mais en décembre 1941, l’arrivée fracassante de l’armée japonaise va bouleverser l’équilibre de cette société à la marge, dans l’horreur la plus absolue.
Avec une écriture fleuve, poétique et percutante, La Traversée des Sangliers nous entraîne dans un monde inconnu, où la frontière entre le réel et le fantastique n’existe pas, où se mêlent Histoire et mythe, songe et éveil, passé et présent. La violence décrite est insupportable, l’horreur innommable et la douleur anesthésiée, mais elles côtoient la beauté sauvage de la nature toute puissante, et constitue presque, en filigrane, une vengeance ou un karma : ce petit peuple constitué cahin-caha de marginaux et criminels, malgré leurs amours et leurs gloires, n’ont-ils pas massacré le peuple des sangliers sans regret ni vergogne ?
Déconseillé aux moins de 16 ans.