Durant l'âge d'or de la piraterie, une jeune aventurière quitte sa Jamaïque natale pour naviguer sur les mers imaginaires d'Omerta à la recherche d'un père qu'elle n'a jamais vu ni connu, mais qui serait un des plus redoutables pirates. Sur ce postulat de base, cette héroïne intrépide nous entraîne rapidement dans des aventures marines et même sous-marines, à la rencontre d'une galerie de personnages tous plus étranges les uns que les autres : pirates teigneux, créatures mythiques, êtres difformes et autres fantasmagories.
Ce roman graphique, aujourd'hui à son troisième tome, peut faire figure d'ovni dans le monde de la BD par son style singulier et sa narration onirique. Se lisant à la manière un conte, l’œuvre multiplie hommages et références. La fille maudite du capitaine se place dans la lignée directe d’œuvres littéraires telles que l'Ile au trésor, les voyages de Gulliver et surtout Alice au pays des Merveilles de Lewis Caroll, l'histoire ne semblant parfois avoir ni queue ni tête comme un rêve d'une créativité folle.
Graphiquement, c'est tout aussi excentrique. Dans un style baroque et naturaliste, surchargé dans un magnifique noir et blanc, Jeremy Bastian transpose personnages, faune et flore, vagues et navires au fil des pages à la manière d'un graveur et lithographe. Aussi fin d'une enluminure, son trait n'a rien à envier aux maîtres de l'histoire de l'Art tels que Gustave Doré, Albrecht Dürer ou encore Jerome Bosch.
Un récit d'aventure loufoque dans un sublime écrin ! Si ce délire graphique et narratif pourra rebuter, cela reste une expérience de lecture à tenter !