Peter et Petra Wolf sont des incontournables dans le monde de l’art contemporain. Grand couple de peintres allemands, leurs toiles à quatre mains s’arrachent dans le monde entier. Mais c’est surtout Peter dont on parle, Peter qu’on adule, Peter le résistant, le modeste, le génie. Et au grand malheur de ses admirateurs, c’est toujours Petra qu’on voit, la froide et colérique Petra, façade pratique mais dénuée de talent du duo. La discrétion maladive de Peter Wolf fait partie de son personnage, ne faisant qu’ajouter à sa notoriété. Elle n’inquiète donc personne, jusqu’au jour où le directeur mégalomane du MoMA, blessé dans son égo par l’apparent snobisme du peintre, signale la disparition de Peter Wolf et l’implication suspecte de sa compagne…
Sophie Pointurier nous entraîne dans un thriller haletant où les voix discordantes s’enchaînent, chacune moins crédible que les autres, dans un monde de l’art peuplé d’égos surdimensionnés, d’ambitions dévastatrices et d’un sexisme ordinaire insupportable. En leur centre, celle de Petra Wolf, accusée de tous les maux mais qui refuse de parler, quitte à s’incriminer davantage. Que cache-t-elle ? Est-elle coupable ? Victime ? Et de quel crime, d’ailleurs ? Peu à peu, le récit nous fait remonter le fil de l’histoire, celle de Peter et Petra, mais également celle de l’Allemagne, du Mur de Berlin, des artistes résistants à l’Est, des lâchetés et des trahisons. Un excellent premier roman !