En 1905, un prêtre orthodoxe se fait lyncher dans son prieuré par des communistes au moment même où nait son premier petit-fils, Hubert.
En 1909 nait le petit frère Konstantin, à une date totalement insignifiante, jusqu’à la révolution russe qui viendra ébranler leur petite famille bourgeoise d’Allemands de Lettonie.
En 1919 entre dans leur vie une petite fille dont les parents ont été massacrés par les Bolcheviques.
En 1974, Konstantin raconte son incroyable vie à un jeune hippie dans la chambre d’hôpital qu’ils partagent à Berlin, une balle logée dans son crâne.
Dans son premier roman traduit en français, le scénariste allemand Chris Kraus tisse le destin épique d’un homme moyen et sans conviction que les circonstances et l’Histoire mènent à une des vies les plus extraordinaires qu’on puisse imaginer… et pas dans le bon sens du terme. Complots, espionnage, trahisons, amours malsains, fratricide, massacres – rien ne manque à cette saga à la James Bond, sans le charisme ni la chance fantaisiste du héros de Fleming, baignée par le surréalisme hallucinant des bouleversements géopolitiques du XXe siècle. De Riga à Tel Aviv en passant par Berlin ou encore Kiev, on finit par s’attacher à ce détestable anti-héros qui nous fait nous demander si sa couardise et la médiocrité des figures politico-historiques qui l’entourent ne sont finalement pas beaucoup plus proches de la réalité que ce que nous ont toujours fait croire les livres d’histoire.
C’est aussi un magnifique récit d’amour fraternel, où rivalité et fidélité s’affrontent jusqu’au bout dans un combat sanglant et acharné.
Enfin, un livre qui nous conforte dans la simplicité de nos vies aux aventures bien minimes qui nous permettent encore de rêver aux aventures extraordinaires.