L’anthropologue et politologue américain James C. Scott est décédé en juillet 2024, laissant derrière lui une œuvre passionnante bien que peu connue en France. Ce professeur de Yale s’inscrivait dans la mouvance anarchiste, y compris dans ces travaux d’anthropologie. En quoi cela consiste-t-il ? A étudier l’histoire des sociétés humaines du point de vue des résistances aux pouvoirs plutôt que du point de vue des puissances.
Dans Homo Domesticus, James C. Scott s’intéresse à la naissance des premiers états sous un angle tout à fait original. Avec un parti-pris assumé, l’auteur observe que la création des « civilisations » est une régression plutôt qu’une progression dans le bien-être des humains : durs labeurs, famines, guerres, désastres écologiques… qu’est-ce qui a poussé les humains à s’infliger pareille existence ? Sans être le premier à exposer cette théorie (on pense notamment à Fredy Perlman avec son Contre le Léviathan… (1983), ou, bien sûr, à J.J. Rousseau), son texte a l’avantage de se baser sur des données sérieuses et scientifiquement solides, et les spéculations inévitables d’être posées comme telles, sans dogmatisme.
Un essai accessible et éclairant, qui nous fait voir autrement les sociétés humaines.